Poigne de fer dans un gant de velours, Karine Cohen, 51 ans, mère de 6 enfants, est la première patronne incognito.

 

Docteur en Sciences Humaines, elle exerce depuis 2004 le métier de DRH et PDG aux côtés de son mari, co-PDG et fondateur de l’entreprise. La difficulté du métier de coursier, auquel Karine Cohen va être confrontée, est de trouver le juste milieu entre les exigences des clients (bonne présentation, rapidité, amabilité) et la réalité du terrain (météo, stress de la circulation, pression de la rentabilité). L’immersion de notre “patronne incognito” va aussi servir à évaluer les process actuels dans le cadre du développement prochain d’un service de coursiers pour particuliers.

Les salariés de Coursiers.com sont exclusivement masculins. Plusieurs femmes ont déjà tenté l’expérience mais aucune d’entre elles n’a su résister à la pénibilité du métier. Au cours de son immersion, Karine Cohen, la première patronne incognito sera donc formée exclusivement par des hommes. 

 

Accompagnée de son formateur, Karine va découvrir le quotidien d’un coursier camion, un métier qui nécessite beaucoup de manutention. Et ce jour-là, elle manquera d’être reconnue, après avoir été tenue par son formateur de passer un appel au siège. Elle va également constater de nombreux manquements aux procédures face à un formateur trop sûr de son fait. Elle va ensuite découvrir le nerf de la guerre : devenir coursier et conduire pour la première fois un scooter ! Une expérience forte en émotion au sein du trafic parisien... Pour finir, Karine Cohen va choisir des plis dans des magasins et les déposer chez des particuliers, lors d’une journée pilote mise en place pour tester l’application qui permettra à terme, d’incorporer et gérer les demandes des particuliers. 

 

Magazine d'immersion (France, 2014, 1h10mn). Produit par Endemol Productions.

 

 

 

Interview.  Karine Cohen : "j'ai versé quelques larmes".

 

Pourquoi avez-vous accepté de participer à ce programme ?

J’ai accepté de participer à “Patron Incognito” pour plusieurs raisons. La première : c’est une occasion unique de connaître mon entreprise de l’intérieur ! La deuxième : c’est une façon de montrer qu’il n’est pas impossible de mener plusieurs vies de front : la direction du groupe ATV Coursiers.com, la vie d’une mère de six enfants... sans pour autant mettre ma féminité de côté.

 

Comment s’est passée votre immersion ?

Mon immersion s’est très bien passée, sachant que l’activité de coursier est très spécifique : nous étions en mouvement dans un environnement parfois très dangereux puisque le périphérique parisien est l’artère la plus meurtrière d’Europe pour les deux roues. Du point de vue des relations humaines, ma sensibilité était à fleur de peau pendant mon immersion... j’ai d’ailleurs versé quelques larmes ! Sinon j’ai bien sûr très souvent eu peur d’être reconnue. C’est d’ailleurs pour cela qu’à un moment j’ai maladroitement essayé de maquiller ma voix, mais le résultat était catastrophique !

 

Quel enseignement en avez-vous tiré ?

Grâce à mon immersion incognito, j’ai pu faire de nombreux constats. Pour commencer, cette expérience m’a permis d’évaluer en direct nos process, et de me questionner sur leur pertinence. Nous préparons le développement d’un nouveau service, auprès de particuliers, et c’était important pour moi de pouvoir juger nos méthodes sur le terrain afin de pouvoir réfléchir aux améliorations nécessaires. Mon expérience m’a aussi permis de constater que les investissements réalisés pour accompagner les salariés au quotidien portent leurs fruits : les personnes que j’ai rencontrées sont heureuses de travailler dans mon entreprise. Et pour finir, “Patron Incognito” m’a permis de constater que le métier de coursier est tout à fait réalisable par des femmes.

 

Vos équipes sont composées uniquement d’hommes. Votre immersion en tant que femme a-t-elle été difficile ?

Au niveau du relationnel avec mes équipiers cela a été très facile. En effet, ils n’ont pas l’habitude de former des femmes et je pense qu’ils ont apprécié qu’une femme puisse avoir envie de faire leur métier ! Au- delà de la fatigue ou du danger lié à la conduite d’un scooter, ce qu’il y a de plus épuisant reste la crainte d’être démasquée.

 

Vous êtes une des rares femmes PDG de France. Quelle analyse avez-vous concernant le nombre restreint de femmes à des postes de direction ?
C’est regrettable ! Nous sommes à des années lumières des Etats-Unis où de nombreuses femmes exercent des postes à responsabilités dans des multinationales comme Facebook, EBay ou encore Yahoo. C’est aussi pour cela que nos jeunes élites féminines partent vers l’étranger. Les hommes ne nous donnent que trop rarement l’opportunité de diriger, mais c’est aux femmes de prendre cette place et de se lancer !