Nouveau magazine économique mensuel sur France 2, "L'Angle Éco" animé par François Lenglet (vous noterez le jeu de mot...)
L'ambition : de la pédagogie, et pas d'idéologie, sur les grandes questions économiques qui font débat pendant les repas de famille, et sur lesquelles tout le monde a une opinion. Avec la conviction que, lorsqu'on s'approche de la réalité, les idées reçues de tous bords ne résistent pas. En matière économique, les choses vraiment importantes sont des choses simples.
Interview Arnaud Miguet,
rédacteur en chef
France 2 se dote d’un magazine d’économie pour répondre, en cette période de crise, aux préoccupations des Français. Présenté par François Lenglet, le « monsieur éco » de la chaîne, capable de rendre intelligible la plus obscure courbe de l’OCDE, L’Angle éco creuse chaque mois une thématique particulière pour donner des clés de compréhension au téléspectateur. Les explications d’Arnauld Miguet, rédacteur en chef du magazine.
L’Angle éco, qu’est-ce que c’est ?
Un magazine de macro économie présenté par François Lenglet, dont le but est d’aborder les grandes questions qui préoccupent les Français à l’heure actuelle (qu’il s’agisse des enjeux de la mondialisation, de la désindustrialisation, des retraites ou de l’impôt). Chaque numéro de L’Angle éco s’attache ainsi à traiter une thématique particulière. Mais hors de question d’enchaîner les reportages les uns à la suite des autres ou d’empiler les chiffres sans explication : à chaque fois, nous veillons à suivre le fil d’une démonstration claire et pertinente.
« Allons-nous vers un retour des frontières ? », « La France travaille-t-elle assez ? », « Trop d’impôts tue-t-il l’impôt ? » sont quelques-uns des thèmes que vous abordez…
Vous aurez remarqué que, au-delà du ton volontairement polémique ou disons « poil à gratter » de ces sujets, nous restons dans une forme interrogative. L’Angle éco n’a pas vocation à asséner des vérités toutes faites mais, au contraire, à poser simplement des questions – ce qui suppose, pour nous, d’oser des questions qui restent sans réponse. À travers des reportages, des rencontres et des exemples, nous brassons ainsi tout l’éventail économique, pour que le téléspectateur connaisse l’ensemble des données du problème. L’Angle éco aborde l’économie sans idéologie, de façon à donner des clés de compréhension aux Français.
Le premier numéro est consacré à la question du retour des frontières, du protectionnisme et du patriotisme économique. Pourquoi ?
On constate que le commerce international est en ressac depuis plusieurs décennies et l’on voit bien, avec l’exemple de la Catalogne ou de l’Écosse, que la tentation de l’indépendance et du protectionnisme est forte en Europe. Nous demandons alors s’il faut, en France ou en Europe, rétablir les frontières économiques, comme le préconisent d’ailleurs des personnalités politiques aussi opposées qu’Arnaud Montebourg et Marine Le Pen. De fait, l’impression dominante est que le libre échange a atteint ses limites ou que, en tout cas, nous vivons la fin d’un cycle de la mondialisation. Pour tenter d’y voir plus clair, de comprendre les avantages et les inconvénients d’un retour des frontières, L’Angle éco a sillonné le monde, des États-Unis à la Chine, de l’Argentine à la France. Un tour d’horizon plutôt parlant : après le libéralisme des années 1990, l’Argentine a par exemple opté pour un protectionnisme aux conséquences désastreuses (dévaluation du peso, inflation et risque d’une nouvelle faillite comme en 2001) ; aux États-Unis, en revanche, le « made in USA » se porte bien, au point qu’une entreprise comme Apple, symbole s’il en est de la mondialisation et des délocalisations d’usines, a décidé l’année dernière de rapatrier une partie de sa production en Arizona.
Et qu’en est-il en France ?
Nous avons pu suivre l’expérience de Lucibel, le spécialiste français de LED, actuellement en plein processus de relocalisation. Quatre ans après s’est implantée en Chine, l’entreprise a finalement décidé de revenir en France, où les conditions sont désormais meilleures et plus favorables. Les caméras de L’Angle éco ont été présentes auprès des dirigeants comme des ouvriers, de l’arrêt de la production en Chine au redémarrage de la première machine à Barentin, qui permettra la création de nombreux emplois. Il ne s’agit là bien sûr que d’un exemple mais c’est justement ce type de cas concret, qui mêle enjeux économiques et expériences vécues, que nous souhaitons privilégier pour éclairer les questions que nous posons.
Dans son récent ouvrage La Fin de la mondialisation (Fayard), François Lenglet présente une analyse des différents cycles économiques (alternance de phases libérale et protectionniste ponctuées de crises) qui explique ce recul de la mondialisation…
Certes, mais je tiens à préciser que François Lenglet n’est pas ici l’éditorialiste dont on a l’habitude au journal ou dans Des paroles et des actes. Même s’il ne se prive pas de donner son avis, il intervient d’abord en tant que journaliste et enfile même ici une nouvelle casquette : celle du reporter, de l’homme de terrain. Rien à voir avec son côté « homme pressé » du 20 heures qui dispose d’une minute et demie pour exposer une théorie. Avec L’Angle éco, il a plus d’une heure pour développer un argument. Ainsi, le magazine permet de voir ce qu’il y a derrière les chiffres, à savoir des hommes, aussi bien ceux qui décident de l’économie (politiques ou patrons) que ceux qui la subissent (les ouvriers licenciés pour cause de délocalisation par exemple). Que ce soit en reportage ou en plateau, François Lenglet part à la rencontre des uns et des autres. Par exemple, dans le premier numéro, il reçoit notamment le ministre de l’Économie Emmanuel Macron et le président de Renault-Nissan Carlos Ghosn.
Selon le baromètre du Huffington Post publié en janvier 2014, François Lenglet apparaît, parmi des économistes, ministres et journalistes, comme la personnalité économique idéale des Français. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Tout le monde n’est pas forcément d’accord avec lui, mais il est indéniable qu’il a su, en véritable passionné de l’économie, rendre cette discipline accessible au plus grand nombre. Il parvient à démystifier l’économie et à en parler de façon claire, efficace, imagée et compréhensible. Surtout, il est un homme plein de curiosité, qui n’hésite pas à se remettre en question. Nous travaillons main dans la main et je n’aurais pas su monter un tel programme avec un autre que lui. Il était donc tout naturel qu’il présente ce nouveau magazine – le premier consacré à l’économie sur le service public.
Propos recueillis par Cyrille Latour